Contexte et enjeux de l'évaluation de l'information sur Internet

Contexte général : la société de l’information

La numérisation généralisée du savoir et de l'information

Les enjeux : les risques de "l'info-pollution"

Quels enjeux pour les usagers ?

Quels enjeux pour les professionnels de l'information ?

La montée en force d'une problématique

 


 

Contexte général : la "société de l’information"

Pourquoi l'évaluation de l'information est -elle devenue aujourd'hui une question centrale ?

Deux premiers ensembles de raisons doivent être évoqués :

  • Tout d'abord, le constat (déjà ancien) du rôle-clé de l'information et des enjeux de sa maîtrise : enjeux majeurs, aux multiples dimensions (sociales, politiques, économiques, etc).

"La maîtrise du savoir et de l'information sera vraisemblablement un facteur crucial dans les 15 prochaines années" (selon une réflexion, faite en 1985, par les experts du rapport France, An 2000)

La question de l'évaluation de l'information est à re-situer d'abord dans le contexte global de la "société de l'information" (sans discuter ici la pertinence de cette notion de "société de l'information") et pourrait se formuler ainsi :


à partir du moment où l'information devient la "matière première" (appelée parfois le "pétrole gris") des sociétés développées, le moteur de l'innovation technique et scientifique, etc., l'évaluation de la fiabilité et de la valeur de toute information en devient d'autant plus cruciale (cf l'exemple de la veille stratégique et de l'intelligence économique, où la question de l'évaluation des informations traitées est au coeur de la démarche de la veille). Cet enjeu de l'évaluation, lié à la valeur (économique, stratégique, scientifique...) de l'information, ne date pas d'Internet et il accompagne la montée en puissance du rôle de l'IST (Information Scientifique et Technique), notamment après la 2ème guerre mondiale, "l'explosion documentaire" des années 50-60, la naissance et l'essor des banques de données, de l'industrie de l'information, etc.

⇒ Si l'évaluation de la qualité de l'information n'est pas une activité nouvelle, son importance a accompagné l'émergence et le développement de la "société informationnelle"

  • L'explosion d'Internet et ses caractéristiques en tant qu'espace informationnel : liberté totale d'expression, hétérogénéité, instabilité, disparition des intermédiaires, etc.

► L'essor d'Internet et le "déluge informationnel" engendré posent, avec une acuité inégalée, la question socio-politique de la fiabilité de l'information disponible sur les réseaux : comment "séparer le bon grain de l'ivraie" dans les masses d'informations circulant sur les réseaux ? L'absence de validation a priori des informations publiées sur le web, notamment, change radicalement les données du problème de l'évaluation.

Le déluge informationnel sur Internet rend cette activité d'autant plus difficile et cruciale.

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La numérisation généralisée du savoir et de l'information

Un troisième élément, étroitement lié aux deux premiers facteurs, définit le contexte général de l'évaluation. En effet, la question de l'évaluation de l'information est à replacer dans le contexte socio-pédagogique de la numérisation généralisée du savoir et de l'information, qui touche toutes les parties de la " chaîne du savoir " (au sens large de l'ensemble des productions cognitives) :
- la production des savoirs
- la circulation des savoirs
- la transmission : généralisation des modes de lecture-écriture non-linéaire ("navigation "), nouvelles conditions de l'enseignement, possibilités inédites pour la formation continue...


► L'essor et la diffusion des TIC aboutissent à l'apparition de nouvelles manières d'apprendre, d'enseigner, de lire, d'écrire, à la transformation profonde de notre "écologie cognitive " (c.a.d. l'ensemble de notre environnement socio-cognitif, de nos modes de pensée, d'apprentissage..)

Quelles sont les grandes caractéristiques de ce savoir numérique et de cette nouvelle « écologie cognitive » ?

- un savoir « objectivé » et technicisé, en constante réorganisation
- une connaissance par simulation
- une présentation multimédia
- un savoir virtualisé
- un savoir en hypertexte
- un savoir hétérogène, mobile
- un savoir éclaté en d’innombrables lieux
- un savoir potentiellement accessible à tous
- un savoir collectif

Questionnement nécessaire : quels sont les aspects de ce nouveau savoir numérique qui concernent de près la question de l’évaluation de l’information ?

  • Sur l’objectivation du savoir et de la mémoire collective :

La révolution numérique a accéléré la séparation croissante de la mémoire collective, sociale des individus : la mémoire est de moins en moins "incarnée" mais présente dans des dispositifs techniques, aux capacités colossales de stockage.

Cette "objectivation", cette « industrialisation » de la mémoire rend les mémoires informatisées toujours mobiles, en réorganisation permanente : peut-on d'ailleurs encore parler de mémoire, avec la montée en puissance de la flexibilité, de la vitesse, de la pertinence...
L'une des conséquences, soulignée notamment par Pierre Lévy (cf Les Technologies de l'intelligence), serait le déclin de la vérité, de l’objectivité et de la critique : avec l’éloignement de la mémoire, le savoir informatisé s’éloigne aussi des exigences de vérité, fondamentales dans le pôle de l’imprimé.
L'exigence de vérité, d’objectivité, de critique nécessite une accumulation du savoir, une mise à distance, un travail sur les textes, une stabilité de la mémoire sociale...
Avec un savoir « en temps réel », on assiste au déclin de ces valeurs au profit de l’opérativité, de l’efficacité, de la pertinence...

Quelles incidences sur la question spécifique de l’évaluation de l’information ?
Ce changement profond du modèle du savoir et de ses fondements a peut-être trois incidences générales, d’ordre plutôt théorique, ou idéologique :

o      La montée en force de la question-même de l’évaluation de l’information, voire de l’évaluation tout court :
- à partir du moment où le savoir informatisé, la mémoire collective sont mobiles, mouvants, en constante réorganisation, sans cesse ajustés pour répondre à des besoins spécifiques, ciblés (cf la notion de « connaissance en temps réel », « d’open learning just in time », etc), l’évaluation de ces savoirs et de ces informations devient d’autant plus importante (pour l’apprentissage, l’enseignement, la vie sociale, etc)…
On peut faire un simple constat : pourquoi ne parlait-on pas de cette question de « l’évaluation de l’information » il y a 10 ou 20 ans ?

o      L’accélération en retour du déclin des anciens modèles du savoir : la notion même d’évaluation de l’information, son importance actuelle, son autonomisation croissante (à laquelle participe ce stage !)… participent de ce déclin des valeurs traditionnelles de vérité, de critique et d’objectivité…

o      La montée en force de la notion de « pertinence » de l’information au détriment des valeurs d’objectivité ou de vérité :
voir l’importance, souvent non discutée, de la pertinence de l’information dans les modalités d’évaluation…

o      Conséquence plus globale : le culte de l’information 
L’évaluation de celle-ci joue un rôle central ; on constate une certaine "idéologisation" des notions d’information et de communication, devenues les valeurs cardinales, dominantes… ;
d'où la nécessité de garder son sens critique vis-à-vis d’une survalorisation des problématiques documentaires d’évaluation de l’information

Notamment sur la question des moyens, des voies permettant de développer une véritable maîtrise de l’évaluation : notre conviction reste que le meilleur moyen de développer l’évaluation de l’information passe par la culture générale et l’acquisition des connaissances, et non par des grilles, des méthodes, ou des savoirs spécifiques…

  • L’imbrication des modes d’expression : le multimédia

Auparavant (dans la « graphosphère »),existait l'habitude de séparation assez nette entre les différents modes d’expression : oral, écrit, son, image... Avec le multimédia, s'est produit l'effacement des frontières et l'entremêlement de tous les médias : d'où la notion d’unimédia, c.a.d. de fusion de toutes les sources sur un même support.
Les conséquences sociocognitives sont nombreuses, qu'il s'agisse notamment de l'enrichissement du savoir avec les nouvelles combinaisons texte-son-image, des nouvelles écritures multimédia, du développement de l’art multimédia, des nouvelles possibilités de visualisation des phénomènes, etc.

o      Conséquences sur la question de l’évaluation :
des difficultés cognitives et techniques : l'évaluation des documents et de l’information est rendue plus difficile par cette imbrication des modes d’expression : des compétences multiples sont nécessaires, il est difficile d’évaluer simultanément sons, textes et images…
cf plus loin les difficultés dues au numérique

  • La virtualisation du texte

Le processus de virtualisation à l’oeuvre dans les réseaux du cyberspace entraîne de profondes mutations sur la nature et le statut des textes.
L'absence de support physique, matériel, dans les textes numérisés, modifie totalement les conditions de la lecture :


- mobilité, plasticité des messages : possibilités infinies de montage, modification, collages...
- disparition des structures habituelles du texte, ou du document : plus de structure logique, d’enchaînement linéaire des différentes parties des documents. Par ex. effacement des distinctions entre texte et paratexte (table des matières, titres, index...) ; juxtaposition des éléments du document, structure réticulaire des textes, reliés en permanence à d’autres textes.
« Il y a du texte » (comme de l’eau) dans les réseaux.
- exploration de textes à partir d’une petite fenêtre (écran), derrière laquelle existe une immense réserve textuelle, donnant une véritable « profondeur » au texte, une « potentialité » quasi-infinie (même si finie en réalité).

► La lecture devient une exploration, beaucoup plus active que la lecture d’imprimé : le lecteur est obligé d’appeler, de commander l’affichage de textes ; mais surtout possibilité de croisements, de montages, de juxtapositions infinies des textes et messages.

- hétérogénéité des messages : des types et des contenus d’informations, des sources (entremêlement du multimédia)...
Autre conséquence importante :
- effacement de la frontière auteur/lecteur dans ce type de savoirs numérisés : dans l’hypertexte généralisé, la séparation entre auteur et lecteur est brouillée : permutation des places, élaboration collective d’hypertexte.. Naissance d’une nouvelle littérature hypertextuelle, encore embryonnaire.

o      cf toute la problématique du document numérique, des nouvelles formes de lecture-écriture

Conséquences sur l’évaluation :

⇒ renforcement de la nécessité de l’évaluation, celle-ci se confondant presque avec un décodage du document numérique

  • Le savoir mobile

La numérisation apporte une sorte de révolution copernicienne dans la lecture, et au-delà, dans l’accès au savoir ;

- dans la "graphosphère", (i.e. le monde de l'imprimé), l'usager, le lecteur, l'élève.. tournaient autour du savoir, immobile, qui était contenu dans des lieux fixes (écoles), des réserves documentaires (bibliothèques...), des ouvrages (dictionnaires...), concentré, détenu par des acteurs sociaux identifiés (enseignants)...

Il existait une certaine fixité du savoir et une mobilité des lecteurs ou des élèves :

- dans le cyberspace, c’est l’inverse : le savoir "tourne autour de l’élève", les textes autour du lecteur...
Le savoir devient :
- mobile, en constante circulation sur les réseaux > phénomène de déterritorialisation du texte
- fluctuant, en métamorphose constante dans ses structures mêmes : en constante réorganisation
- éclaté, « distribué » en d’innombrables lieux : conséquences majeures sur l’école, qui finit de perdre son monopole déjà entamé de dépositaire unique du savoir.

voir Michel Serres, qui prédisait que « la concentration du savoir va être dynamitée »


Phénomène de circulation des savoirs : « le savoir voyage » et devient potentiellement accessible à tous ; est-ce l'avènement d’une « société de la pédagogie » (selon Michel Serres), notamment grâce aux possibilités énormes de l’enseignement à distance ? Enjeux essentiels pour l’université, l’enseignement, avec l’utilisation massive des TIC : possibilité technique de cours par téléconférence, de démultiplication des sources d’enseignement

o      Conséquences sur l’évaluation de l’information :
     - éclatement des approches
     - problème des élèves « seuls face à Internet » (comme il y a 20 ans, les enfants « seuls avec Goldorak »

o      Un constat pessimiste : la "contradiction médiologique" entre l’école et Internet
Problème des nouvelles pratiques informationnelles des élèves sur les réseaux : zapping, surf, représentations,   nouveaux mythes de l’information...

  •  En résumé :

o      D’un côté, les nouvelles formes du savoir et de l’information, la numérisation généralisée… plaident pour développer l’évaluation de l’information, rendue plus complexe, plus difficile à cause de la numérisation ; d’autant plus que les étudiants, les usagers sont désormais confrontés à l’éclatement des savoirs, et que les processus d’évaluation reposent beaucoup plus qu’avant sur l’usager ; la question de l’autonomie de jugement des usagers, notamment des jeunes élèves, est beaucoup plus aigüe qu’autrefois.

o      D’un autre côté, le développement des nouveaux modèles du savoir et de la problématique de l’évaluation, accélère la disparition des anciens modèles et le déclin de quelques valeurs centrales (vérité, approche critique et herméneutique des textes, respect de l’auteur…. ), au profit d’une certaine idéologisation, voire d’un certain culte de l’information

autrement dit, il faut former à l’évaluation de l’information de manière critique, y compris sur l’évaluation elle-même…

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Les enjeux : les risques de "l'info-pollution"

L'information comme nouvel environnement, nouvelle écologie, nouvelle pollution :
si la production, la diffusion, la recherche, le traitement de l’information sont au cœur de nombreux enjeux, si l’information constitue un nouvel environnement..., l' information est également l'objet de dangers, "d’accidents" (cf l'image d'un " Tchernobyl de l’information ", de Paul Virilio), et de pollutions (cf la notion " d ’infopollution ", selon l'expression d'Eric Sutter)

Quatre types de " pollutions " informationnelles (selon Eric Sutter), correspondant à quatre types de risques écologiques, peuvent être identifiés. Eric Sutter donne pour chacune d'elle une métaphore, une image forte, et relève les "pathologies potentielles" induites par ces pollutions. En reprenant sa typologie et en nous inspirant de ses réflexions, nous essayons ici, pour chacune de ces "pollutions", d'en indiquer, très schématiquement, les causes, les effets, et les éventuels remèdes.

1ère pollution : la surabondance

  • métaphores, images :
    - "l’océan", le "déluge informationnel"
    - images de pollutions écologiques : l’inondation, l’asphyxie
      ⇒ A noter le changement de métaphore : dans les années 60, on parlait "d'explosion documentaire" pour désigner l'augmentation vertigineuse du nombre de publications scientifiques et techniques. Avec Internet s'est répandue la métaphore aquatique du "déluge".
  • causes :
    - causes historiques : passage d’une situation de pénurie, de rareté de l’information à une situation d’abondance informationnelle : cf l'histoire de l'IST, le phénomène de l'explosion documentaire des années 60, sans parler de la société médiatique et des effets du "village planétaire", etc.
    - causes immédiates : l'explosion du web et des ressources sur Internet (des dizaines de milliards de pages web sur le web "visible")
  • quels effets ?
    - la désorientation : phénomène de perte de repères, de désorientation, de "noyade", dans l'hypertexte mondial... - la saturation : " Trop d’infos tue l’info " ; " trop d’information crée une sorte de saturation et on ne parvient plus à extraire le signal du bruit ", selon Joël de Rosnay.
    - l'aveuglement : " l’infopollution (qui) conduit à un certain abrutissement des esprits qui empêche de voir l’arbre dans la forêt et de discerner la vraie information " ( Victor Montviloff, de l’Unesco)
    - le découragement : dans la recherche de l’information sur le web, et pour la majorité des internautes, on peut relever une approximation totale dans la sélection des documents, et une certaine dépendance vis-à-vis des outils de recherche
    par exemple, dans le classement des documents, 90% des internautes ne consultent que la 1ère page de résultats affichés par les moteurs de recherche.
  • quels remèdes ?
    Si cette nouvelle surabondance informationnelle est un phénomène irréversible, incontournable, et surtout impossible à maîtriser, des réponses (à défaut de remèdes) sont à chercher néanmoins dans deux directions :
    • du côté des outils et des méthodes de traitement de l'information :
      Pour les outils de recherche, notamment les moteurs de recherche, la surabondance ou le déluge informationnel sont le principal défi à relever, depuis l'essor grand public d'Internet. De nombreuses solutions ont déjà été trouvées et apportées par les outils d'information, notamment :
      -
      dans leur puissance de collecte, d'indexation..., cad dans leur capacité à traiter d'énormes masses documentaires et à en extraire des informations pertinentes

      - dans les technologies et les méthodologies de filtrage de l'information : cf les techniques de "clustérisation", etc.
      De nouvelles solutions sont en cours de développement avec les travaux du web sémantique.
    • du côté des usages de l'information :
      Pour les usagers, faire face à la surabondance d'information implique (et impliquera de plus en plus) de développer des comportements et des pratiques personnelles de filtrage, de sélection, d'élimination, etc., cad une véritable "diététique informationnelle" , encore loin d'être acquise et répandue.
      Le développement des formations des usagers à la maîtrise de l’information constitue également l'une des réponses collectives possibles à cette surabondance informationnelle : en contribuant à mieux maîtriser les outils et techniques de recherche...

A noter : la problématique de l'évaluation de l'information n'est pas concernée directement par cette "pollution" de la surabondance : les réponses ou les remèdes possibles (au plan humain) relevant davantage d'un rapport général à l'information, des pratiques et des usages, d'une définition plus fine de ses besoins d'information, etc. Si évaluation il y a, elle porterait ici plutôt sur les besoins d'information, sur les raisons, les motivations et les objectifs qui nous poussent à chercher de l'information. (cf sur ce point Yves-François Le Coadic)

 

2ème pollution : la désinformation, la médiocrité de l'information

  • métaphores, images :

- l’intoxication, l’empoisonnement...
- notions de fiabilité, de " sûreté " de l’information, de confiance : puis-je consommer sans risque cette information trouvée ? (analogie avec les risques alimentaires)

  • causes :

ancienneté du phénomène (cf la rumeur, les pratiques d'intoxication, de manipulation...) mais trois nouveautés avec Internet :

le changement d’échelle : la puissance du média démultiplie l’impact des fausses informations, des rumeurs… (cf l'exemple de la désinformation sur l'attentat contre le Pentagone, l'importance des hoax dans le courrier électronique...)

le problème de la fiabilité des informations : problème ne relevant pas forcément de la manipulation, mais du manque de sérieux et de vérification des sources ; problème de la redondance, de la réplication des informations sans vérification…
 

Une étude de l'UCLA (University of California at Los Angeles) menée en 2002 a montré deux faits intéressants et paradoxaux :

- d'une part, 70 % des Américains utilisant Internet déclarent que le réseau est leur principale source d'information, loin devant la presse ou la télévision ;
- mais d'autre part, moins de 53 % des mêmes internautes américains jugent fiables les informations trouvées sur Internet (contre 58 % en 2001, et 55 % en 2000) ; et parmi ceux qui n'utilisent pas Internet, 33,6 % seulement d'entre eux font confiance aux informations du réseau, contre 36,7 % en 2001 et 33,3 % en 2000.)

(D'après Internet Actu Hebdo, n° 171, 6 février 2003, p. 3)

 

la confusion des écrits et des documents, l'hétérogénéité des informations disponibles : comment distinguer le brouillon ou l’avant-projet d'un texte du texte final d’un chercheur, comment identifier un rapport scientifique, un texte de propagande d’une secte, un document promotionnel, une page personnelle d'un lycéen...?
⇒ cf plus loin la partie sur "les brouillages du numérique", dans Questions, aspects théoriques...

 
  • quels effets ?
- développement d'une méfiance générale envers Internet et les médias (voir ci-dessus)
- intoxication par les rumeurs, les hoax
- perte de repères, perte de confiance en des instances sûres, reconnues...
- confusion intellectuelle généralisée, devant le mélange de toutes les sources
 
  • quels remèdes ?
Aucune "solution technique" ne peut être apportée à la désinformation, il n'existe aucune garantie d'échapper à une intoxication, à une rumeur, mais des réflexes, des compétences et une culture informationnels à acquérir, empruntés à la fois au journalisme d'investigation et à la recherche scientifique :
- connaître et vérifier les sources..
- les recouper
- vérifier les faits évoqués
- etc.

A noter : l'importance de l’évaluation de l’information par rapport à cette pollution informationnelle : le risque de la désinformation, le manque de fiabilité, la médiocrité de l'information... sont l'un des principaux défis que doit relever l’évaluation de l’information sur Internet.

 

3ème pollution : la contamination de l’information

  • métaphores, images :
    - la pollution des rivières ou maritime
    - image de la "marée noire"
     
  • phénomène :
    - prolifération d’informations indésirables sur Internet : pornographie, pédophilie, sectes, racisme, révisionnisme...
    - véritable contamination
    d’informations apparemment " saines " par des informations douteuses : sites révisionnistes trouvés dans une requête sur la Shoah, sites de la Scientologie référencés avec complaisance, sous une rubrique à part entière dans l’Open Directory et, à une certaine période, dans Google (sur ce sujet, voir la page :
    "Comment la secte criminelle scientologie a réussi à piéger Google"), sites pornographiques trouvés au hasard d’un lien apparemment inoffensif (cf les pratiques de " détournement " des liens par certains sites pornographiques), sites racistes déguisés en sites scientifiques, etc…
  • causes :
    - absence ou difficulté de contrôle éditorial sur Internet : n'importe qui peut publier n'importe quoi
    - utilisation d'Internet comme arme politique, moyen de propagande, moyen commercial, outil de communication par les réseaux mafieux ou délinquants, etc
    ⇒ Internet n'est plus (seulement) l'outil de communication scientifique, qu'il a été exclusivement pendant une vingtaine d'années : la plasticité des réseaux et du numérique s'e'st étendue (pour le meilleur et le pire) à toutes les facettes des activités humaines.
  • quels remèdes ?
    Plusieurs types de remèdes, complémentaires, peuvent être apportés à la "contamination de l'information" :
    - les remèdes techniques : par exemple les filtres parentaux, mis en place par les moteurs de recherche (mais d'une efficacité relative, et qui ne concernent que les sites pornographiques, pour protéger les enfants) ; les filtres des moteurs ne permettent pas d'éviter les sites révisionnistes ou sectaires
    - les remèdes "humains" : l'esprit critique, la culture générale, historique, politique, l'esprit citoyen ...
    sans aucun doute les meilleures armes contre cette pollution...

    - les outils juridiques, politiques : signaler un site révisionniste à l'outil de recherche qui l'a référencé, au serveur qui l'héberge, porter plainte contre des sites illégaux, signaler des sites pédophiles, etc.

- les remèdes "socio-techniques", militants : par exemple les " flames ", cad l’envoi massif de messages pour saturer un serveur, la dénonciation d'un site auprès de réseaux d'internautes, la censure sur les forums, etc.
 
A noter : l'intérêt des méthodologies d’évaluation de l’information, mais les limites de ces méthodes, car le problème vient ici du contenu politique, idéologique, religieux, historique… des informations trouvées.

 

4ème pollution : abus et effets pervers de la publicité, du marketing, du référencement payant

  • images :

- pollution par l’encombrement, l’enlaidissement des entrées de villes par les panneaux publicitaires.

  • phénomène :

invasion de l’information, surtout dans les portails, les annuaires, les sites commerciaux, par la publicité ; "spamming" ou "pourriel", "liens sponsorisés" dans la recherche d'information...
 

  • Quelques extraits d'articles :

Sur les ravages du spamming et la pollution informationnelle, nous reproduisons ci-dessous, avec l'autorisation des éditeurs (la FING et l'INIST), les deux articles suivants, extraits de :
Internet Actu nouvelle génération, n° 6, 16 novembre 2003, p. 8
Disponible sur : Internet Actu NG internetactu-ng@kiosqueist.com


Jakob Nielsen contre la pollution informationnelle

Connu comme le "gourou de l'usabilité" des sites web, Jakob Nielsen part en guerre contre la pollution informationnelle. "Si nous ne mettons pas en place des contre-mesures énergiques, l'ordinateur cessera d'être un outil de productivité et prendra le contrôle de notre temps".
L'info : http://news.bbc.co.uk/1/hi/technology/3171376.stm
Article de Jakob Nielsen : http://www.useit.com/alertbox/20030811.html
Le groupe de recherche anti-spam (Asrg) de l'Internet Research Task Force (Irtf) travaille à faire converger les nombreux projets qui visent à modifier les protocoles de base du courriel dans le but de faciliter l'identification de l'expéditeur, ou au moins de son adresse IP. L'objectif est de fournir une réponse technique au spam (ou "pourriel" en Français), fondée sur l'identification de l'émetteur et un système de "réputation", afin de limiter le recours à des réponses règlementaires.
L'info : http://news.com.com/2100-1038-5096820.html
Méthode de travail de l'Asrg et liste de réponses techniques possibles au spam : http://www.irtf.org/asrg/asrg_research_agenda.htm
Selon les sources, le spam représenterait entre 50 % et 70 % du nombre total de courriers électroniques échangés sur l'internet :
Ce serait 50 % selon Star Technology :  http://www.extremetech.com/article2/0,3973,952934,00.asp
Riches débats sur le "pourriel" sur le site de l'Isoc France : http://www2.isocfrance.org/vie_pratique/spam.


Le spam détourne les utilisateurs du courriel

Une étude du Pew Internet and American Life Project révèle que 25 % des internautes américains utilisent moins ou plus du tout le courriel à cause du "pourriel" (Spam). Près des trois quart des répondants considèrent que l'internet est une expérience moins agréable à cause de l'afflux de courriers électroniques non sollicités, même si le spam n'est un "gros problème" que pour 27 % des internautes. Un tiers des détenteurs d'adresses e-mail personnelles affirment que plus de 80 % des messages qu'ils reçoivent sont du spam. A l'inverse, 7 % d'entre eux ne reçoit aucun spam. 10 % des utilisateurs passent au moins une demi-heure par jour à traiter le spam.
Les utilisateurs sont nombreux à prendre des mesures pour tarir le flot de pourriel. 73 % d'entre eux évitent de donner leur adresse électronique, 69 % font attention à ne pas l'inscrire sur un site web. 37 % des utilisateurs à titre individuel utilisent un filtre anti-spam et 62 % des utilisateurs à titre professionnel affirment que leur entreprise dispose d'un tel outil. Mais plus du quart des utilisateurs pense que ces filtres retiennent également des courriels légitimes ou les empêchent d'écrire à certains de leurs correspondants - et les trois quarts des personnes interrogées pensent qu'il n'est pas possible d'arrêter le flot de spam.
Arrêter le spam sera d'ailleurs d'autant plus difficile que les internautes interrogés reconnaissent, pour un tiers d'entre eux, avoir cliqué sur un lien contenu dans un pourriel et pour 7 %, avoir déjà acheté un produit par ce biais.
L'info : http://www.transfert.net/a9484
L'étude : http://www.pewinternet.org/reports/toc.asp?Report=102


 
  • problèmes posés, effets :

- dans le courrier, le fléau du "spamming" (cf ci-dessus)
- la reconnaissance de l’information utile parmi les bandeaux publicitaires, sur certains portails...
- la suggestions d’achats ou de visites de sites, à partir d’une requête traitée par un "agent intelligent " qui analyse la requête et propose aussitôt des services personnalisés (cf lien entre Alta Vista et Amazon…)
- les incidences du référencement payant dans les annuaires et les moteurs de recherche sur les contenus d’information ;
- le détournement de la recherche d'information par le "sponsoring" ou le positionnement payant dans les résultats : par exemple la distinction, pas toujours facile, entre liens commerciaux et résultats
- les effets pervers de l’indice de notoriété (Google) ou de "l'indice de clic"...

  • remèdes :

Plutôt en amont, du côté des outils d’information :
- la maîtrise des outils de recherche
- l'identification de la publicité
- le choix d'outils publics, ou sans publicité

 

Cinquième risque de l'information : la logique (ou la tyrannie) du temps réel

Aux quatre pollutions informationnelles, relevées par Eric Sutter, s'ajoute, selon nous, le risque (et non la pollution) du temps réel sur l'information.

  • Caractéristique majeure de l'information numérique et de la nouvelle économie politique de l'information : le temps réel, la vitesse, l'instantanéité
  • Il s'agit ici d'un trait profond du numérique et non d'une "info-pollution", mais qui comporte des risques majeurs, brièvement évoqués ici :
    - la confusion entre l'événement, sa saisie et sa réception (sur ces questions complexes, voir Stiegler)
    - la pression de l'urgence, de la vitesse, du temps réel... sur les comportements et les usages informationnels
    - la logique du spectaculaire, du sensationnel... dans la transmission de l'information
    - la contradiction profonde avec la lenteur de l'intégration, de la "digestion" de l'information (contradiction entre information et connaissance, recherche d'information et apprentissage...)
    - "l'emballement" incontrôlé des réseaux et des machines informationnelles, aboutissant au "Tchernobyl de l'information" pointé par Paul Virilio : cf par ex. les phénomènes de krach boursier sur les réseaux  

A noter : la question du temps réel et de la vitesse dépasse de loin la seule question de l'évaluation de l'information ; mais la prise en compte de cette toile de fond du numérique est nécessaire, pour cerner les enjeux de l'évaluation.

  • En résumé, on peut relever plusieurs aspects de ces " pollutions informationnelles ", contre lesquels la meilleure garantie est le développement d’une véritable " culture informationnelle " (voir Baltz) : l’évaluation de l’information est un élément-clé de cette nouvelle culture informationnelle.

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Quels enjeux de l'évaluation de l'information pour les usagers ?

Ces risques et dangers de " l’info-pollution " provoquent ou peuvent provoquer de nombreux effets, plus ou moins graves, pour les usagers d’Internet, notamment pour les jeunes :

abdication de l’esprit critique, fuite, renoncement au travail de sélection, paresse intellectuelle devant la facilité de l'accessibilité générale…

risques de relativisme total, mettant tous les types d’informations et toutes les sources sur le même plan

dangers d’intoxication par les rumeurs…., et à l’inverse, méfiance systématique, paranoïaque, envers les informations diffusées, notamment officielles ou médiatiques

illusion de l'information, confondue avec la connaissance, la culture...

Les enjeux de l’évaluation de l’information sont ni plus ni moins des enjeux d’éducation, de formation intellectuelle, de développement de l’esprit critique et de la capacité de jugement des individus.

A la différence du problème des outils de recherche, sans cesse perfectionnés, la question de l’évaluation reste, in fine, une question purement cognitive, non automatisable, renvoyant à la dimension " humaine " de l’information. La formation des usagers (élèves, étudiants...) à l'évaluation de l'information ne peut reposer sur des savoir faire techniques, ni sur des recettes, des solutions "clés en mains", contrairement à certaines illusions naïves ou aux croyances excessives dans les capacités techniques.

Sur les approches "technicistes" de l'évaluation : la technique du "eye-tracking"
Une société informatique française utilise un dispositif technique (un oculomètre ou eye-tracking) permettant de suivre les mouvements oculaires des internautes lisant une page web :
"Grâce à cette expertise, nous pouvons juger objectivement la pertinence de l'organisation des pages et de l'information, valider ou non l'approche graphique retenue, vérifier que chaque zone de chaque page remplit l'objectif qui lui est fixé..." (d'après l'article de Pierre Barthélémy, "L'analyse des mouvements oculaires de l'internaute pourrait être utilisée pour jauger les sites web", in Le Monde, 16 mars 2002, p. 29).


Au-delà de la performance technique et de l'intérêt réel de ce dispositif pour décrypter les pratiques de lecture des documents numériques, jusqu'à quel point une technique suffit-elle à évaluer un site web (même s'il ne s'agit que de l'organisation et de la mise en forme de l'information) ?

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Quels enjeux pour les professionnels de l'information ?

Nouveauté du problème pour les professionnels :

Avec Internet se produit un renversement du modèle traditionnel de la recherche d’information : l'évaluation, la validation de l’information ne sont plus à la charge du professionnel mais de l’usager
  ⇒ d'où un "effacement" relatif des professionnels de l'information, comme de tous les médiateurs

Mais avec Internet, les professionnels de l’information voient leurs activités se développer selon deux axes, dans lesquels se pose la question de l'évaluation de l'information:  

  • la description, l'évaluation, la sélection, la validation des informations et des ressources
  • l'accompagnement, la formation des usagers à la recherche et à la sélection des informations.

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Evaluation de l'information, "démarche-qualité"... :

la montée en force d'une problématique

L'évaluation de l'information sur Internet a suscité depuis des années une abondante production sur le Net (cf la partie Ressources) et mobilise des acteurs de plus en plus diversifiés. Compte-tenu de l'importance et de la nature des enjeux liés à l'évaluation (qui sont brièvement évoqués ci-dessus), ces dernières années ont vu la montée en force de cette problématique.
Il ne s'agit pas de décrire ici ce nouveau "domaine" de l'internet, tant sa richesse, sa diversité, son approfondissement deviennent importants et défient l'observateur. On peut simplement remarquer que, à l'instar de la recherche de l'information et des évolutions des outils, ou encore de la question de l'indexation et du traitement des ressources du web (deux domaines d'études, d'expérimentations, de problématiques... désormais autonomes et bien constitués), l'évaluation de l'information est en passe de devenir également un nouveau champ, un ensemble d'acteurs et "d'actants", de sites, de ressources, de thématiques... en voie de s'autonomiser progressivement.

On peut citer au moins trois signes qui témoignent de cette montée en force de l'évaluation :

- la formalisation de plus en plus poussée des critères de qualité de l'information, variables selon les domaines et les objectifs des acteurs concernés (les critères ne seront pas les mêmes en santé, dans le domaine culturel, ou pour les sites commerciaux) : de nombreuses grilles d'évaluation existent aujourd'hui, parfois élaborées collectivement, comme le Net Scoring en Santé (cf ci-dessous)

- l'apparition d'entreprises, de sites, voire d'outils, spécialisés autour de l'évaluation, de la qualité des sites web, etc. : cf par exemple le site Temesis

- l'adoption des démarches-qualité sur l'évaluation des sites web dans les institutions ; cf ci-dessous l'exemple du Cadre Qualité de Bruxelles

Le Net Scoring de Centrale Santé : "Critères de qualité de l'information de santé sur l'Internet" :
- l'un des premiers travaux d'importance menés sur l'évaluation de l'information, dans le domaine médical, dès 1997.
- enjeux particuliers de l'évaluation de l'information de santé : prolifération des sites médicaux et de santé, grande hétérogénéité des ressources, dangerosité des informations non fiables, question cruciale de la crédibilité des sources et des informations dans le domaine médical...
- grille d'évaluation, d'une cinquantaine de critères, réalisée à l'origine au CHU de Rouen, à partir d'un travail mené aux Etats-Unis et au Québec. Le Net Scoring est élaboré par un groupe de travail de professionnels de la Santé, au sein de Centrale Santé.
- Depuis 1997, trois versions du Net Scoring ont été réalisées. Actuellement, il existe une version pour les professionnels et une version grand public.
- le Net Scoring est adopté par plusieurs institutions et organisations du domaine de la Santé.

  • Résumé du document présentant Net Scoring :
    "L'objectif est de ce travail est de fournir un ensemble de critères qui peuvent être utilisées pour évaluer la qualité de l'information de santé sur l'Internet. Pour assurer une objectivité maximale dans le choix de ces critères, nous avons mis en place au sein de Centrale Santé un groupe pluriel comportant des médecins, des ingénieurs, des bibliothécaires, et des juristes ; certains représentaient des organisations professionnelles. Ces critères peuvent être utilisés de deux façons : (a) par les cyber-citoyens pour améliorer leur esprit critique ; (b) par les maîtres-toile des sites de santé francophones pour en augmenter la qualité. Nous avons défini 49 critères, que nous avons réparti en huit catégories : crédibilité, contenu, hyper-liens, design, interactivité, aspects quantitatifs, déontologie, et accessibilité. Chaque critère est pondéré en critère essentiel (noté de 0 à 9), critère important (noté de 0 à 6) ou critère mineur (noté de 0 à 3). Le total de ces critères donne le score global du site (avec un maximum de 312 points)" (disponible sur http://www.chu-rouen.fr/netscoring/)

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Le Cadre de Qualité de Bruxelles :
- ensemble de critères de qualité, applicables aux sites culturels, définis par un Groupe de travail européen
- Origine : réflexions au sein de la Commission européenne, et résolution européenne du Conseil des Ministres de la Culture, adoptée en novembre 2001
- Objectif : l'encouragement de "démarches-qualité" dans les sites web culturels, l'élaboration d'un cadre commun de réflexion
- Document de travail et de réflexion, contenant une liste de "principes de la qualité" et une grille d'évaluation relativement simple, contenant 6 catégories de critères et une quinzaine de critères.

Résumé du Cadre de Qualité :
"Un premier outil européen qui constitue les premiers fondements d'une approche coordonnée européenne des critères de qualité pour des sites web culturels. Ce cadre propose un premier tableau de bord déclinant la notion de qualité en termes de critères objectifs et mesurables". (disponible sur : http://www.cfwb.be/qualite-bruxelles/pg001.asp)


 Références bibliographiques :

- BALTZ, Claude. Une culture pour la société de l'information ? Documentaliste - Sciences de l'information, vol. 35, n°2, 1998, p. 75-82

- LE COADIC, Yves-François. Le Besoin d'information. Formulation, négociation, diagnostic. Paris : ADBS Editions, 1998. (Science de l'information

- STIEGLER, Bernard. La Technique et le temps.2. La désorientation. Paris : Galilée, 1996. Chap. 3 L'industrialisation de la mémoire, p. 117-216

- SUTTER, Eric. Pour une écologie de l'information. Documentaliste - Sciences de l'information, vol. 35, n°2, 1998, p. 83-86